jeudi 23 avril 2009

Pedretti, l'espoir perdu


Alors qu'un grand avenir lui était promis, aussi bien en Ligue 1 qu'en équipe de France, Benoît Pedretti est peut-être passé à côté d'une grande carrière. Après des échecs à Marseille, puis à Lyon, l'ancien milieu de terrain sochalien a finalement trouvé la quiétude dont il avait besoin au sein de l'AJ Auxerre, dont il est aujourd'hui le capitaine. Petit portrait.


Des débuts prometteurs

Benoît Pedretti a été formé à l'école sochalienne sous les ordres de Jean Fernandez et Guy Lacombe, les entraîneurs qui virent notamment éclore Zinedine Zidane et Patrick Vieira. Pendant cinq ans, il gravit progressivement les échelons avec les Lionceaux : il est sacré champion de D2 en 2001 et retrouve ainsi la première division avec son club. Il ne tarde pas non plus à recevoir le brassard de capitaine malgré son jeune âge. L'élite du championnat de France apprend à connaître ce jeune milieu de terrain infatigable, doté d'une grosse frappe de balle et d'une exceptionnelle vision de jeu. Son talent est récompensé quand en novembre 2002, le sélectionneur français, Jacques Santini, le convoque une première fois. Pedretti, déjà membre des Espoirs, fait partie des Bleus vainqueurs de la Coupe des Confédérations 2003.

Durant l'été 2003, les cadors du football français le courtise. Tiraillé entre Paris, Marseille et Lyon, il préfère finalement rester dans le Doubs. Un an plus tard, il vit un été encore plus agité: convoqué pour disputer l'Euro 2004 au Portugal avec les Tricolores, il décide également de franchir le pas et de quitter Sochaux. Malgré son envie officielle de disputer la Ligue des Champions, il ignore les appels du PSG et surtout de l'OL pour rejoindre l'Olympique de Marseille, pour un transfert évalué à 4,5 M d'euros. De par son parcours, son poste et son style de jeu, les observateurs de la L1 voient en lui le digne successeur de Didier Deschamps, tant en club que chez les Bleus. A 24 ans, il est temps pour Ben de montrer ce dont il est capable.

Les échecs à Marseille et Lyon

Pour cette saison 2004-2005, l'OM de José Anigo déborde d'ambition. En recrutant notamment Lizarazu, Luyindula et donc Pedretti, les Ciel et Blanc sont déterminés à jouer les premiers rôles. Mais le départ de Didier Drogba à Chelsea laisse un très grand vide et malgré les prestations plus qu'honnêtes de Pedretti, Marseille ne parvient pas à assouvir sa soif de titres. Durant cet exercice, l'ancien Sochalien tient bien la barre du milieu de terrain phocéen et on évoque même durant l'hiver un intérêt du Real Madrid, toujours orphelin de Claude Makelele (aussi tentés par Rio Mavuba, les Merengues recruteront finalement le Danois Thomas Gravesen). Les mois s'écoulent, Marseille remonte vers le haut du classement sous l'impulsion (et quelques jolis buts) de son milieu axial mais échoue au pied du podium. Pour une première saison au sein d'un club aussi bouillant, ce n'est pas une réussite totale mais ce n'est pas non plus un échec pour Pedretti. Mais lui ne semble pas l'entendre de cette oreille: très déçu de cette non qualification en Ligue des Champions, il prend tout le monde à contre-pied en claquant la porte de l'OM...

En effet, le joueur décide d'activer la clause libératoire de son contrat qui l'autorise à quitter l'OM dès sa première saison en cas de non qualification pour la C1. Et c'est ainsi qu'il cède aux sirènes de l'OL pour 7M d'euros. Un vrai camouflet pour tout Marseille... Sur les bords du Rhône, il espère enfin toucher les sommets mais il doit faire face à une concurrence bien plus féroce qu'à Marseille : Juninho, M. Diarra et Tiago sont inamovibles. Au fil du temps, même le jeune Jérémy Clément passe devant lui dans la hiérarchie des milieux. Peu titularisé, Ben n'a pas la confiance du coach Paul Le Guen et perd même celle de Raymond Domenech, successeur de Santini chez les Bleus. Convoqué une dernière fois fin 2005, Pedretti n'est pas retenu pour la campagne des Bleus au Mondial 2006. Une énorme déception pour le joueur qui, s'il emporte haut la main le titre de champion de France avec l'OL, glane avec autant de succès le Ballon de Plomb quelques mois plus tard.

Durant le mercato d'été 2006, l'OL et le nouveau coach des Gones Gérard Houiller envoient un signe clair à Pedretti en recrutant le vice-champion du Monde Alou Diarra : il est libre de chercher un nouveau club. Il prend alors la direction de la Bourgogne...

L'AJA, loin des paillettes

A la fin du marché d'été 2006, il trouve un point de chute : l'AJ Auxerre. Le club icaunais ne débourse que 3M d'euros pour l'acquérir. Avec l'ancien club de Guy Roux, il redécouvre un club semblable à celui de ses débuts : la lutte pour le maintien, un stade bien loin du Vélodrome, des ambitions minimes. Sous les ordres de Jean Fernandez, il apparaît vite comme étant au-dessus du lot mais ne peut entraîner ses partenaires vers de plus hautes aspirations. Auxerre termine 8ème en 2006-2007. La saison suivante, le club du président Hamel se morfond dans le bas du classement. Promu capitaine, Pedretti, en position de maillon fort, participe au sauvetage du club mais semble aussi faire une croix sur l'équipe de France. Le sélectionneur convoque une pléiade de jeunes joueurs talentueux et ignore complètement celui qu'Olivier Dacourt surnommait Jordy.

C'est certainement la conséquence directe de la faible exposition dont jouit Pedretti avec les Icaunais en comparaison avec celle qu'il avait à Marseille et Lyon. Pourtant, l'ancien Espoir s'accommode de sa situation, disant ne regretter aucun choix. A presque 29 ans, on ne peut malgré tout pas s'empêcher de penser qu'il est passé à côté d'une plus grande carrière, comme l'un de ses prédécesseurs, Peter Luccin. Où en serait-il s'il n'avait pas quitté le navire phocéen en 2005, ou s'il avait rejoint Lyon dès 2004 ? A-t-il fait les bons choix aux bons moments ? A la fin de l'exercice en cours, il sera en fin de contrat avec Auxerre. Un nouveau choix va donc s'offrir à lui : rester dans l'anonymat d'un club qui - avec tout le respect qu'on lui doit - a perdu significativement de son éclat en même temps qu'il perdait Guy Roux, ou retenter sa chance dans un club plus huppé ? A lui de prendre sa décision, mais qu'il est loin, le temps où il portait la succession de Didier Deschamps sur ses épaules...


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